
Malgré son prestigieux label HBO, découragé par la complexité de quelques épisodes piqués au hasard en début de série et peu sensible à l’Heroic Fantasy, j’avais boudé Game of Thrones. Mais l’immense succès planétaire de la saga m’a fait changer d’avis car j’ai l’habitude même sans attirance particulière de lire ou voir des oeuvres qui deviennent par leur succès des phénomènes de société (c’est ainsi que j’ai lu les premiers tomes d’Harry Potter et de 50 nuances de Grey… en passant je conseille plutôt le premier !)
Aussi en un mois et demi, avec Dominique qui avait pas mal insisté pour que nous partions à la conquête du Trône de fer, nous avons alignés les 8 saisons et les 73 épisodes ce qui représente environ 65 heures de visionnage…
L’histoire repose sur deux intrigues principales elles-même divisées en une multitudes d’histoires à la fois parallèles et entremêlées. Dans un passé imaginaire sur un continent indéfini, nous assistons de part et d’autre du Mur de Westeros, petit cousin du Mur d’Hadrien, à la guerre larvée puis bien réelle entre les sept couronnes du Trône de Fer et l’armée des morts, une cohorte de Don Quichotte décharnés qui s’avèrent être des zombies survitaminés. Mais les Sept Couronnes sont elles même en proie à une guerre civile d’une sauvagerie inouïe (comme toutes les guerres civiles : cf. Espagne et Bosnie) pour la conquête de ce mythique trône de fer qu’à titre personnel je trouve bien moche (et dire qu’une des familles en guerre s’appelle Starck mais à l’évidence Philippe n’est pas encore né…).
Les premières saisons qui nous installent dans ce monde imaginaire qui finit par devenir sinon réaliste du moins familier sont quand même un peu complexes. Puis peu à peu les intrigues de la guerre contre les morts et de la guerre civile deviennent plus fluides et les deux dernières saisons sont éblouissantes. L’affrontement de l’armée des Morts avec les représentants des sept couronnes et le siège de Port Real, épilogue de la guerre civile, sont deux morceaux d’anthologie.
Le fantastique très présent dans l’histoire (Les dragons de la reine Daenerys Targaryen, les Marcheurs blancs…) s’installe presque naturellement dans le récit sans que celui-ci ne souffre d’un mélange des genres.
Tous les personnages sont moralement ambigus ce qui les rend attachants : pas de chevaliers blancs, peu de salopards intégraux (j’en ai quand même repéré deux). Tout le monde est quand même assez cruel et a la tête près du bonnet. Il faut savoir que dans Game of Thrones on se contente rarement de tuer, on adore découper à vif des morceaux du corps de l’ennemi. Ce qui a deux conséquences : peu de personnages ont sauvé leur intégrité physique à la fin de la huitième saison et il est déconseillé de regarder la série en déjeunant.
Le personnage emblématique de Game of Thrones, le nain Tyrion joué par le meilleur acteur de la série, Peter Dinklage, a une personnalité très touchant avec son réalisme largement tempéré par un humanisme presque anachronique dans ce monde de violence et de cruauté.
La série est finalement assez politiquement correcte car, à la fin de la huitième et en principe dernière saison, si la paix semble effective, trois empires présents ou en devenir se dessinent : Bran le Rompu, un handicapé, hérite du principal, une femme, sa soeur Sansa est reine du Nord et seul le troisième sera dirigé par un homme fort, Jon Snow : ce sera au delà du Mur, à la tête des Hommes Libres (les Sauvageons, mais là, tout reste à construire et ce n’est pas gagné).
Alors quelle aurait été la place de la série dans mon récent top 50 ? Probablement dans la première partie du classement mais pas dans les 10 premiers. Si la série explore des sujets aussi passionnants que le pouvoir politique, la trahison, le changement climatique, la religion, l’inceste, le sexe, la violence…, tout cela est plus BD que shakespearien. Mais globalement ce Game of Thrones, c’est quand même une sacrée bonne surprise.