Lieux intimes (4) : Bercy

Malgré la pluie et le froid, faire le week end dernier une courte promenade à travers le jardin de Bercy fut une douce errance.

C’est que depuis quelques années, ce jardin atypique entre Bercy Arena et Bercy Village est devenu un lieu intime. Au point de chercher un séjour dans son voisinage même quand nos obligations parisiennes nous appellent dans d’autres quartiers de la capitale (vendredi dans le 7e arrondissement, samedi Porte Maillot).

Bien sûr, Bercy n’a pas l’audace tumultueuse des Buttes Chaumont ou le classicisme apaisé du bois de Vincennes (tout proche !) mais ce parc récent (1993) est devenu au fil de nos séjours, un refuge en forme de parenthèse entre deux activités fiévreuses dans la capitale.

Construit sur les vestiges des anciens entrepôts de la gare de Bercy spécialisés dans le commerce du vin, il ne renie pas ses origines puisqu’on y accède par la station de métro « Cour Saint-Emilion » et que rails et chai ainsi qu’une… vigne (Chardonnay et Sauvignon blanc) témoignent avec fierté d’un passé encore proche.

Le parc est organisé en trois parties : jardin romantique, parterres, prairies.

Le jardin romantique,  le bien nommé, épouse couleurs et parfums des saisons (en cette fin d’automne, magnifique parterre de feuilles d’érables écarlates, tabernacle !) et permet de rencontrer de singuliers habitués : poules d’eau, canards divers, échassiers… Quand ce n’est pas un ragondin qui émerge des roseaux d’une pièce d’eau.

Les parterres sont un méli-mélo de potagers, de roseraies et de vignes qui épousent eux aussi les saisons. Supplément d’âme pour cette partie de Bercy qui a été baptisée « Yitzhak Rabin ».

Les prairies sont de sobres pelouses plantées de grands arbres qui permettent d’atteindre les premières marches du palais Omnisports voire, pour les masochistes, l’ombre portée par le bâtiment si caractéristique du ministère de finances.

A sa périphérie, on peut accéder à deux institutions qui me sont très chères. À l’ouest, en traversant la Seine par la passerelle Simone de Beauvoir, la Grande bibliothèque François Mitterrand et son patio gigantesque à la Enki Bilal. À l’est, donnant directement sur le jardin, c’est la cinémathèque nationale qui depuis 2005 nous offre chaque année une exposition rendant hommage à un réalisateur. Je pense, d’Almodovar à Antonioni n’en avoir manqué aucune. Cette année j’ai donc visité celle consacrée aux rapports du cinéma avec l’oeuvre et les personnages de Goscinny.

De quoi s’amuser en revenant par le joyeux bric-à-brac à la fois végétal et minéral du parc avec peut-être le secret espoir d’apercevoir le ragondin.

 

A propos Patrick Mottard

Enseignant à l'Université de Nice (droit public) Président de l'association Gauche Autrement Président du Parti Radical de Gauche 06 Délégué régional du Mouvement Radical/Social-Libéral
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