Le Corcovado après le Lokomotiv

Les spectateurs de mes pièces de théâtre vont finir par croire que j’ai un don divinatoire. Ainsi, il y a quelques semaines, le tirage au sort de la Coupe d’Europe nous a programmé un Nice-Lokomotiv de Moscou qui évoquait irrésistiblement une scène de mon uchronie de 2013 (voir mon billet du 11 décembre 2017).

Ce 23 décembre, bis repetita ! La performance de l’artiste Gaspare Di Caro renvoie en effet quant à elle à une autre pièce ( de 2015) Le Christ rédempteur de Rauba Capeu. Dans celle-ci un futur maire de Nice a la bonne idée de demander aux brésiliens d’installer quelques temps le Christ du Corcovado à l’entrée de la Promenade des Anglais. Di Caro a fait exactement l’inverse car par la magie d’une projection sur la statue il a, lui, apporté la Promenade des Anglais aux Cariocas. Etonnant non ? Surtout si on se souviens que l’artiste a  procédé il y a quelques temps à une autre performance sur la statue du Soleil de la place Masséna. Or les spectateurs du Théâtre de la Cité et du théâtre de l’Eau Vive s’en souviendront : la sulfureuse statue de la place Masséna était précisément la monnaie d’échange contre le Christ du Corcovado !

A force d’imagination dans un premier temps et de volonté dans un second, Jacques-Virgile Corel (le maire de Nice ) obtint un accord dont il fut lui-même surpris : le Christ Rédempteur, celui-là même qui domine de ses trente-huit mètres, depuis le sommet du Corcovado, la baie de Rio de Janeiro contre la très contestée statue du Soleil de la place Masséna. Les autorités brésiliennes acceptèrent cet échange léonin tout simplement parce que le pays en récession avait besoin de l’argent du platine niçois.

Dès lors, il fallut trouver un lieu digne de l’imposante majesté du Christ Rédempteur de Landowski. Celui qui, depuis 1931, contemplait Pain de Sucre et baie de Guanabara, devait être déposé dans un lieu prestigieux.

Une fois de plus, Corel eut l’idée : on implanterait le géant carioca sur le petit plateau qui surplombe la falaise de Rauba Capeu. Ainsi on pourrait voir la statue d’à peu près tous les quartiers de la ville et peut-être même jusqu’en Corse.

Elle devenait ainsi un peu la sentinelle de cette promenade des Anglais qui par la grâce d’un artiste viendrait à son tour lui rendre visite le 23 décembre 2017. Mais la pièce étant censée se passer en 2060, on peut même dire que Di Caro a 43 ans d’avance sur Corel…

A propos Patrick Mottard

Enseignant à l'Université de Nice (droit public) Président de l'association Gauche Autrement Président du Parti Radical de Gauche 06 Délégué régional du Mouvement Radical/Social-Libéral
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12 commentaires pour Le Corcovado après le Lokomotiv

  1. bernard gaignier dit :

    Le monastère de Cimiez n’a qu’à bien se tenir….

  2. Emmanuel dit :

    Un artiste Autrement ?

  3. Spphie Tournier dit :

    Quand j’ai entendu l’info, j’ai justement pensé à ta pièce.

  4. Michel Hassan dit :

    Tu es un visionnaire !…

  5. Cosmos dit :

    Mottardamus a à nouveau parlé !

  6. véronique dit :

    Le glögg de cette année, c’est du sérieux manifestement!

  7. Michelle dit :

    C’est le propre des bons auteurs d’être un peu visionnaires. Une certaine acuité de pensée les pousse à imaginer des situations auxquelles le réel venir se conformer plus tard. Une sorte d’inspiration inversée !

  8. Bernard Gaignier dit :

    Je ne la connaissais pas moi cette histoire de Christ rédempteur. Manquerait plus qu’on fasse la meme chose avec le monastère de culiez et la Sagrada Familia de Barcelone

  9. Isabelle Baud dit :

    Je me suis dit aussi qu il avait copié….

  10. Justine Vidal dit :

    Incroyable ! Un véritable don

  11. On va t’appeler « MOTTARDAMUS » !

  12. Jacqueline Bellino dit :

    J’ai tout de suite pensé: encore un coup de Mottard

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