Deux ouïgours à Nice

Au moment où 17 médias internationaux révèlent les directives secrètes du gouvernement chinois pour placer des pans entiers du peuple Ouïgour dans des camps de rééducation je publie à nouveau en forme d’hommage ce billet publié ici même en 2008 :

626 étudiants. Ce sont les effectifs qui m’ont été confiés ce premier semestre à l’Université. 626 étudiants que je rencontre depuis un mois dans mes amphis et qui appartiennent aux filières « InfoCom » et LEA de la fac des lettres, des L1… aux M2.

Ayant changé de service à la rentrée, ce sont en quasi-totalité de nouveaux étudiants et, j’ai beau être physionomiste, apprendre à les connaître tous est un sacré boulot.

Mais, une fois encore ce qui me frappe le plus à Carlone, c’est l’extrême diversité de ses amphis. Et notamment le nombre d’étudiants étrangers. Exactement 167 dans mes cours. Ainsi, cette année, ma petite ONU à moi ne regroupe pas moins de… 56 nationalités.

Dans le nombre, il y a bien sûr de nombreux ressortissants de l’UE, qui, par définition, ne sont pas vraiment des étrangers : Bulgarie 14 étudiant(e)s, Italie 13, Portugal 7,Espaghe, Roumanie et Pologne 4, Chypre,Grèce et Slovaquie 2, Grande-Bretagne, Belgique et Allemagne.

Quant aux autres, c’est bien simple, ils viennent des quatre coins de la planète… Qu’on en juge : Maroc 16, Sénégal 14,Chine 8, Russie 7, Turquie 6, Brésil et Burundi 4, Japon, Tunisie,Congo,MAURICE, et Monaco 3, Cap Vert, Biélorussie, Liban, Algérie,Mali,Moldavie et Guinée 2, Ukraine, USA, Azerbaïdjan, Philippines, Bosnie, Pérou, Madagascar, Equateur, Canada, Côte d’Ivoire, Salvador, Venezuela, Comores, Suisse, Egypte, Mauritanie, Vietnam, Niger,Cuba,Colombie,Gabon,Macédoine et Syrie 1.

Pour symboliser cette diversité, il y a cette année deux étudiants, une fille et un garçon, qui viennent de loin. De très loin. Abula et Abulikemu sont… Ouïgours. Citoyens de la République de Chine, ils font partie d’un peuple qui vit dans la province du « Xinjiang » (sur la carte, Sinkiang) appelé aussi le Turkistan oriental. Les Ouïgours, turcophones et musulmans, ont été plusieurs fois indépendants au cours du XXe siècle avant d’être intégrés de force dans la Chine communiste. En 1997, des émeutes réprimées par la police chinoise ont fait plus de 150 morts. Depuis les condamnations politiques à mort sont nombreuses. Le Ouïghourstan est donc en quelque sorte un autre Tibet.

Quoi qu’il en soit Abula et Abulikemu sont désormais étudiants à l’Université de Nice et, à travers leur sourire un peu timide, on peut deviner le destin mal assuré de tout un peuple…

A propos Patrick Mottard

Enseignant à l'Université de Nice (droit public) Président de l'association Gauche Autrement Président du Parti Radical de Gauche 06 Délégué régional du Mouvement Radical/Social-Libéral
Cet article a été publié dans Uncategorized. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

2 commentaires pour Deux ouïgours à Nice

  1. Lisa Valente dit :

    J’adore ce que tu as écrit.Formidable de côtoyer autant de nationalités.Amitiés.

  2. Hakima Karar dit :

    Un très beau texte dont la lecture a été un pur plaisir, merci.

Laisser un commentaire