Festival de Cannes (8) : La bataille des Dardenne

Le mal de dos est paraît-il de plus en plus répandu dans notre société sédentaire. Pour ma part, j’ai depuis toujours échappé à ce désagrément qui peut rapidement devenir un handicap. Toujours… sauf une fois par an par ce que j’appelle « Le mal de Cannes » : entre le 15e et le 20e film, je deviens raide comme un passe-lacet avec des douleurs qui nuisent beaucoup à l’esthétique de mes montées des marches. Mais je ne trouve personne, année après année, pour me plaindre de cette situation. À la réflexion ce n’est peut être pas anomal (!)

La cafétéria du Palais n’offre peut-être pas les meilleurs cafés et les meilleurs snacks du monde mais c’est un identifiant pour les festivaliers car elle permet entre deux séances dans les salles obscures d’apercevoir, depuis les tréfonds du Palais, le ciel d’azur grâce à un spectaculaire puits lumineux (voir photo ci-dessus).

Encore deux films : le Dardenne de l’année et un italien au titre homonyme d’un super film russe d’Andrej Tarkowski qui avait enflammé la Croisette il y a quelques années.

TORI ET LOKITA (Luc et Jean-Pierre Dardenne – Belgique)

Aujourd’hui en Belgique, un jeune garçon et une adolescente venus seuls d’Afrique opposent leur invincible amitié aux difficiles conditions de leur exil. Rien ne leur est épargné malgré leur incroyable résistance à l’adversité.

Nouvel épisode de la bataille des Dardenne pour plus de justice et d’humanité aux côtés des exclus, des marginaux et de tous les damnés de la terre. Comme d’habitude les comédiens pourtant novices (chez les Dardenne c’est fréquent) sont incroyables de vérité, l’histoire qui se veut tristement banale nous émeut au plus au point. On n’oubliera pas de si tôt le petit discours de Tori pendant la scène finale. Alors pourquoi pas une troisième palme pour les frères belges ?

NOSTALGIA (Mario Martone – Italie)

Nostalgia, qui s’ouvre sur une citation de Pier Paolo Pasolini – « La connaissance est dans la nostalgie. Qui ne s’est pas perdu ne se connaît pas » – , débute par le retour d’un homme dans sa ville natale : Naples filmée sans aucune complaisance. Il se nomme Felice Lasco et on ne tardera pas à apprendre que ce mystérieux personnage a fait fortune comme entrepreneur en Egypte, qu’il y a une femme qui l’attend, qu’il s’est converti à l’islam et qu’il n’a pas remis les pieds en Italie depuis quarante ans. La raison de cette absence est le sujet du film. Revenu pour adoucir les derniers jours d’une vieille mère qui va rapidement mourir entre ses bras (beaucoup de pudeur et même de grâce dans ces premières scènes), Felice vient en vérité régler un vieux compte, tant avec lui-même qu’avec, Oreste, un des parrains de la mafia locale qui fut son ami et avec lequel il partage un passé douloureux.

Le double affrontement passé-présent et Felice-Oreste met un peu de temps à s’installer mais une fois que le spectateur a tous les éléments de compréhension, on assiste à une véritable tragédie grecque qui fait de Nostalgia bien autre chose qu’un nouveau Gomorra.

A propos Patrick Mottard

Enseignant à l'Université de Nice (droit public) Président de l'association Gauche Autrement Président du Parti Radical de Gauche 06 Délégué régional du Mouvement Radical/Social-Libéral
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