Mansour-Pennequin-Bonnaffé, le trio magique de Venaruzzo-Poët-Poët

Il est paraît-il difficile de déplacer les foules pour de la poésie. Eh bien avec leur 13e année, les journées Poët-Poët organisées par la compagnie de Sabine Venaruzzo « Une petite voix m’a dit » ont fait la démonstration inverse.

Pour avoir suivi une partie des événements niçois de la manifestation (qui a une dimension départementale : Mouans-Sartoux of course, La Gaude et Saorge… avec son monastère !), je peux en témoigner. Il faut dire que Sabine et son Poët bureau (Staline doit se retourner dans sa tombe !) se sont surpassés cette année avec une programmation digne des plus grands festivals de poésie hexagonaux.

Ce fut d’abord la poétesse irakienne Aya Mansour que j’ai pu rencontrer à la librairie Masséna au cours d’une séance de dédicaces doublée d’une lecture-performance sobre et belle, parfaitement adaptée aux lieux, assurée par Emma Laurent et la poët-poët Marie-Hélène Clément. La poésie d’Aya est le terrible témoignage  d’une jeune femme (27 ans) qui n’a connu que la guerre dans son pays. Le contraste est saisissant entre la douceur du personnage et l’âpreté de ses textes : du bruit et de la fureur à peine assourdis par des larmes amères.

Samedi après-midi, c’est à la prestation de Charles Pennequin, le poète pétaradant, que j’ai assisté à l’auditorium de la bibliothèque Louis Nucera. Un singulier poète capable de transformer une lecture en happening. C’est ce qu’il fit en entraînant le public pour déambuler avec lui dans la grande salle devant des lecteurs médusés. Il y avait du PPF là dedans ! Mais la provocation même poétique peut susciter d’inattendus actes de résistance. Ce fut le cas quand un lecteur irascible a voulu interrompre manu militari la séquence. Au final, une belle démonstration de l’ami Charles !

Samedi soir, c’est à la Cinémathèque et avec ma conseillère municipale radicale que nous avons applaudi le spectacle de Jacques Bonnaffé en duo avec le musicien François Corneloup, après une introduction brillante de ma collègue Sandrine Montin . Ce fut une heure de poésie pure où les habitués du festival ont pu retrouver des textes d’anciens parrains de la manifestation (Verheggen, Rouzeau…) et en final une incroyable séquence sur les Gilles de Binche. Avec Bonnaffé, je crois que j’ai définitivement compris que la poésie était un art sublimé par la lecture publique.

Trois semaines après les Barbues, avec cette édition de Poët-Poët, « Une petite voix m’a dit » continue à nous susurrer au creux de l’oreille : la poésie est une aventure merveilleuse mais elle ne doit pas être coupure avec le monde réel. Surtout quand celui-ci est misérable.

A propos Patrick Mottard

Enseignant à l'Université de Nice (droit public) Président de l'association Gauche Autrement Président du Parti Radical de Gauche 06 Délégué régional du Mouvement Radical/Social-Libéral
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6 commentaires pour Mansour-Pennequin-Bonnaffé, le trio magique de Venaruzzo-Poët-Poët

  1. Sabine Venaruzzo dit :

    Ouahou quel beau billet ! Merci Patrick pour tes mots si justes et avec Dominique pour votre précieux soutien ! Ça fait du bien !

  2. Eric Clement-Demange dit :

    Merci Patrick ! Magnifique article ! On s’y reconnaît bien ! Les poëtes et le poëtburö vous remercient ! Merci d’être auprès de nous !

  3. Emmanuel dit :


    Excellent Charles Pennequin, merci Sabine c’est une vraie découverte pour moi !

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