La Victorine, star du conseil municipal

Au-delà du D.O.B., la délibération phare du conseil municipal de ce mercredi fut le vote sur le contrat de délégation des studios de la Victorine, ce qui sera pour moi l’occasion de contextualiser cet événement considérable qui va dynamiser l’image et l’économie de notre cité.

Monsieur le Maire, chers collègues,

Il est important d’insister sur le fait que la concession de la Victorine n’est pas une opération isolée mais un élément – certes important, très important – mais un élément seulement de cette politique du cinéma ambitieuse que vous voulez pour notre ville, Monsieur le Maire.

Bien sûr nous ne pouvons pas ne pas constater que la conjoncture économique est très favorable aux activités de production cinématographique. Avec l’arrivée des plateformes comme Netflix, les studios d’Europe occidentale ont retrouvé force et vigueur. Là où on allait au moindre coût en Bulgarie ou en République tchèque, on revient en Angleterre et en France.

Encore fallait-il surfer avec talent sur cette vague. Et nous savons que plus la vague est forte et plus le pilotage du surf est délicat. En s’appuyant sur votre volontarisme politique, Monsieur le Maire, les équipes municipales : Direction du Cinéma et le bureau d’Accueil et de Promotion des Tournages de la ville de Nice, ont réalisé des exploits. Je rêve d’articles et de reportages mettant en lumière ces héros de l’ombre. Grâce à eux, nous sommes passés de 300 jours de tournage en 2021 à 600 jours l’an dernier et nous sommes sur une dynamique de 1000 pour 2024 !

Ce dynamisme et ce savoir faire n’a pas échappé au jury de professionnels réunis par le Ministère de la Culture qui a fait des studios de la Victorine un des principaux un des principaux bénéficiaires de l’aide exceptionnelle du plan La Fabrique de l’image.

Le contrat qu’il nous est demandé d’approuver aujourd’hui est la conséquence logique de tout cela pour aller plus loin et plus fort. En confiant la gouvernance des studios à des professionnels de haut niveau prêts à s’investir et à investir massivement, la politique du cinéma de la ville va passer à la vitesse supérieure. Surtout si on considère le fait que les professionnels en question sont des spécialistes de la post production et des effets spéciaux, précisément le type d’activité qui dynamisera et modernisera l’image de la Victorine encore très associée à son faste passé, des Enfants du Paradis à La nuit américaine. Le délégataire, par exemple est en train de travailler sur un logiciel qui permettrait de tourner à la Victorine en effaçant la pollution sonore des avions décollant de l’aéroport voisin.

Mais cette concession n’est pas le signe d’un désengagement de la municipalité, elle est même la preuve du contraire. D’abord parce que la municipalité veillera sans a priori mais sans faiblesse à ce que les engagements pris dans le document juridique soient scrupuleusement respectés. Les engagements financiers bien sûr mais aussi ceux liés au développement équilibré du site entre les trois missions historiques du lieu : les tournages, la formation audiovisuelle et l’accueil d’Entreprises du secteur.

Par ailleurs, libéré de la gestion quotidienne des Studios, la Direction du Cinéma va structurer sa politique d’accueil des tournages au niveau métropolitain. En effet, la dimension métropolitaine associe de la mer à la montagne, des paysages de tournage exceptionnels avec des studios de pleine proximité : une situation que les producteurs nous ont dit chercher et trouver rarement.

Ajoutons à cela des techniciens locaux de qualité en nombre important, ayant une bonne connaissance du terrain, qui peuvent apporter leur savoir faire en se mettant au service des productions extérieures. L’occasion pour celles-ci de faire des économies substantielles tout en améliorant leur bilan carbone.

Il sera temps aussi, Monsieur le Maire, de réévaluer notre fond de soutien pour être encore plus attractifs. N’oublions pas en effet qu’un euro investi dans la production c’est (chiffres CNC) 6,50 euros de retombées directes et 1 euro de retombées touristiques. Une grosse production comme celle qui est actuellement en cours de réalisation à la Victorine, c’est économiquement autre chose qu’un congrès de dentistes. Je ne doute pas que l’adjoint aux finances qui fut mon prédécesseur dans la délégation du cinéma sera sensible à ces arguments.

Dans les années 60, les plus grands studios d’Europe étaient à Rome et s’appelaient Cinecittà. Gageons, Monsieur le Maire, chers collègues, qu’on parlera de Nicecitta comme capitale européenne du cinéma et des séries. Une belle aventure à vivre ensemble !

A propos Patrick Mottard

Enseignant à l'Université de Nice (droit public) Président de l'association Gauche Autrement Président du Parti Radical de Gauche 06 Délégué régional du Mouvement Radical/Social-Libéral
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